Le rendez-vous des amis

[Guest]

Tu te reposes là, près de moi et j'aime tant te regarder dormir. Ta respiration tranquille, ton corps abandonné, la quiétude de tes traits...Comme j'apprécie ces moments précieux que tu m'offres avec toute ta confiance, étrange impression que tu n'es pas tout à fait le même ainsi, étonnant mélange de présence et d'absence.
Tes pattes s'agitent soudain, de petits jappements s'échappent de ta gorge, ton corps est animé de discrets soubresauts. A n'en pas douter, tu cours dans quelque prairie à l'herbe douce. La cadence de tes mouvements s'accélère, tu halètes. Quelle piste odorante est donc soudain venue à ta mémoire ? Je te devine dans ton rêve le nez au vent, l'oreille aux aguets.

Je ferme les yeux, tentant l'impossible pari de te rejoindre dans ton rêve.

Nous nous promenions dans la forêt tout à l'heure. Les pins et les chênes verts étaient décorés de délicates et éphémères guirlandes de pluie. Quelques oiseaux pépiaient aux premiers rayons du soleil voilé, heureux sans doute de réchauffer et sécher un peu leurs plumes mouillées. Tu as levé ton nez vers la cime des arbres, intrigué par les battements d'aile et, tout à coup, des gouttes sont tombées sur ton museau, ruisselant ensuite sur tes babines laissant de légères trainées scintillantes. Les premières t'ont surpris et tu t'es ébroué avec force pour te débarasser de ces intruses impalpables et inodores, puis tu les as ignorées avec ton air si fier, superbe indifférence feinte...pour mieux les saisir du bout de ta langue.
Nous avancions tous deux au tempo régulier de ton pas élastique, écoutant les bruits du lent réveil de la forêt et de ses hôtes. Tu ramassais par ici un branchage que tu transportais quelques mètres, le machouillant avec obstination en esquissant quelques pas d'une danse dont toi seul connais les pas, par là une pigne de pin que tu lançais ensuite avec force et tentais de retrouver dans les fougères.
Chemin faisant nous nous livrions de temps en temps à un petit jeu de cache-cache. Je profitais que tu sois quelques mètres devant moi ou occupé à retouver un des trésors que tu avais déniché puis perdu aussitôt pour me cacher derrière un buisson, pensant tromper ta vigilance. Tu as eu l'extrême gentillesse de me laisser croire que j'y étais parvenue, feignant de ne pas remarquer mon manège. Mais à peine me pensais-je bien dissimulée et m'attendant à te voir avec ton air perplexe humer le vent pour me retrouver que je te voyais t'élancer vers moi sans aucune hésitation en cabriolant de joie, la queue dansante, la prunelle brillante, grouleyant de plaisir de me découvrir tapie dans mon coin et de venir chercher ta moisson de caresses et de compliments pour ta sagacité.
Puis tu as pataugé dans les flaques, dérangé le magnifique tapis de lentilles d'eau qui ornaient les marécages, imprimé des ornières dans le sable meuble, écouté les croassements des corbeaux....

Ton souffle chaud dans mon cou me réveille. Je m'étais assoupie à mon tour. Sans doute nous sommes-nous croisés sur les sentiers de nos rêves, profitant ainsi une deuxième fois des bonheurs de cette balade.

Tacite et moi vous souhaitons un très joyeux Noël...et beaucoup de belles promenades

Maëlle

[Ganesh]

Au détour d'un pin parasol, si droit malgré le vent qui le bouscule depuis sa tendre enfance, nous avons vu Tacite la queue joyeuse, le rire aux babines, et Maelle, riante et complice.

Ils se croyaient seuls au monde.

Nous n'avons pas fait de bruit car pour nous tous ces jeux sont finis aujourd'hui. Je ne cours plus. J'ai essayé cet après-midi encore, mais trop vite, alors, je ne sais pourquoi, je suis tombé sur le sol lourd, mes pattes arrières se sont dérobées sous moi. Elle, celle qui m'accompagne, a fait semblant de ne rien voir...Elle fait toujours cela : si je tombe, si je trébuche, elle détourne la tête pour ne pas me surprendre dans ma faiblesse. Elle dit qu'un vieux chien a toute sa fierté. Une idée d'homme...

Mais nous sommes si heureux. Heureux du temps que nous partageons, de cette période de la vie que nous traversons ensemble. Nous avons oublié les courses folles et les rires débridés pour les pas de loups, les promenades au rythme du pays de la vieillesse. Comme on découvre de choses alors ! comme on accueille en soi un autre rythme de la nature ! Jeunes, nous courrions à la vitesse du vent, nous envolions plus vite qu'une tourterelle. Aujourd'hui nous traversons la forêt au rythme des arbres centenaires, si patients.

Maintenant, elle me regarde dormir, et je rêve. Je rêve que nous avons croisé et Maelle et Tacite au détour d'un pin parasol, que nous les avons entendus rire, et vus courir,

et quel que soit le rythme, un pas de deux est toujours un cadeau, alors un très joyeux Noël à tous de ma part, et de celle qui m'accompagne.

Jim

[Pharatalia]

Merci pour ces 2 beaux textes, en ce jour de Noël, Maelle et Sylvie, ils m'ont remuée au plus profond de moi-même et permis de m'évader un moment . Encore Merci !!
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[gisounet]

Merci pour ces bons vœux et surtout pour ces jolies ballades, nous les avons effectuées virtuellement avec vous, avec beaucoup d'émotions.


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http://gisoucreations.free.fr/

[Scoubizoo]

Merci, c'est très jolie, voilà ce que je viens chercher sur tel forum

[Tibull]

C'est trés beau et merci pour le beau rêve, ça fait du bien !!!!

[Uma]

MAGNIFIQUE...